Un problème d’élocution :
Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni de 1940 à 1945, était connu pour avoir de véritables difficultés d’élocution. Causé par un problème dentaire qu’il avait depuis l’enfance, il était fréquent qu’il zézaie, ce qui lui rendait difficile l’exercice du discours. Malgré tout, les Britanniques ont eu le loisir d’écouter tous les jours qu’a duré la Seconde Guerre mondiale, sa voix martiale à la radio, dans des monologues incitant ses concitoyens à poursuivre la lutte contre l’oppresseur allemand.
Une prothèse fait pour des discours :
Après avoir essayé de s’en départir sans succès pendant de nombreuses années, Churchill a demandé à son dentiste que ses prothèses dentaires soient un peu plus lâches que de coutume pour préserver ce défaut dans l’art de la diatribe. Il souhaitait en effet que ses concitoyens l’identifient sans aucune hésitation lorsqu’il s’exprimait, rendant essentielle chacune de ses allocutions.
Elles ont ainsi été confectionnées spécialement pour lui dans le respect de ses directives. Il avait donc toujours avec lui deux prothèses amovibles de rechange. Faites en alliage précieux, elles remplaçaient ses quatre incisives supérieures et ses deux prémolaires supérieures gauches.
Par ailleurs, elles ne présentaient pas de crochet sur la canine supérieure gauche ou sur la molaire supérieure gauche. En outre, son prothésiste dentaire, Derek Cudlipp, aurait, sur ordre du premier ministre anglais, été exempté de combat. Lorsque ce dernier a présenté sa demande de mutation pour rejoindre un régiment, Churchill la lui aurait arraché des mains personnellement, considérant que la présence du prothésiste était bien plus importante à Londres, pour l’effort de guerre, à réparer ses prothèses.
Dans une interview récente à la BBC, le fils du prothésiste se souvient que Churchill avait l’habitude d’éjecter de sa bouche son appareil, lorsqu’il recevait de mauvaises nouvelles du front. Il témoigne : « Mon père racontait des tas d’anecdotes sur la façon dont Churchill mettait son pouce derrière ses dents pour les éjecter. Il disait qu’il pouvait savoir où en était l’effort de guerre à la distance qu’elles parcouraient dans la pièce. »
Une prothèse qui coûte cher.
Le 19 janvier 2011, à Londres, lors d’une vente aux enchères, une prothèse amovible de Churchill, appartenant à la famille Cudlipp, a été vendue 19 000 euros. Une autre prothèse est exposée au Hunterian Museum au Royal College of Surgeons de Londres. Offerte par la même famille, cette pièce constitue un des éléments les plus regardés du musée et, comme l’affirme son conservateur, « Voici les dents qui ont sauvé le monde. Sans elles, « Fight them on the beaches » n’aurait pas eu la même intonation. Elles ont été vitales pour l’effort de guerre.»
Source : d’après Xavier Riaud sur le site 2eguerremondiale.fr