Le modèle de Junker

Pour ce premier article je vous propose un peu d’histoire en vous décrivant ce qu’on appelle le modèle de Junker.

Cette découverte apparaît, pour la première fois, dans un rapport publié en 1914 par Junker : « une autre découverte curieuse plaide en faveur des tentatives à maintenir le corps aussi intact que possible. Dans un tombeau prés de la réserve de la tête en boue du Nil ont été trouvées deux dents, ingénieusement reliées entre elles par un fil d’or. Cela a probablement été réalisé dans l’intention de donner un soutien à une dent mobile grâce à une dent voisine bien implantée, ou bien l’homme portait-il (vraiment) cette fixation durant sa vie ? ».

Junker date sa trouvaille de la fin de la quatrième dynastie ou du début de la cinquième (2500-2400 avant J-C) En 1928 ce même auteur publie un second rapport où il joint l’avis de Euler alors directeur de l’Institut dentaire de l’université de Breslau (Allemagne). Celui-ci décrit une deuxième et une troisième molaire, note la présence de tartre sur le collet de la troisième molaire mais pas sur le fil d ‘or, il note également que la couronne de la deuxième molaire est très abrasée et que ses racines sont très résorbées. Il conclut que la ligature a été faite in-vivo.

D’autres auteurs vont conclure dans le même sens : Weinberger, qui remarque du tartre sur les deux dents, et Ghaliounghi.

Euler est un des seuls à avoir eu la chance de pouvoir observer le fil intact car Leek le trouva rompu en 1972 et remplacé par un autre, neuf, le spécimen entier coulé dans du plastique en 1974. Cet auteur avance, en 1972, l’idée selon laquelle la résorption radiculaire de la petite dent aurait été causée par la nécrose de la pulpe, conséquence de la très forte abrasion. Il note aussi à la même époque que la molaire antérieure (la petite) est bleutée (ce que Euler n’avait pas mentionné) tandis que la grande est normalement jaune. Il tire de son étude les conclusions suivantes :

Il n’y a pas de dépôt sur le fil d’or, on ne pourra donc jamais savoir s’ils étaient d’origine organique (salivaire)ou minérale, c’est à dire la conséquences de plusieurs siècles d’inhumation.

La « troisième molaire » est impossible à identifier à cause de son usure et de la résorption complète de ses racines.

La couleur grise est due à une irritation pulpaire qui a provoqué une nécrose. Ce type d’affection est souvent associé à une douleur qui, accompagnée de l’inconfort de la mobilité, aurait fait de cette dent une parfaite candidate à l ‘extraction.

Autour des anneaux de métal, le fil d’or a été torsadé plusieurs fois ce qui est, selon cet auteur, impossible à réaliser au cours de la vie du patient. C’est à la rigueur envisageable pour des dents antérieures.

D’autres auteurs ont exprimé leur avis sur le modèle de Junker afin de valider ou de refuser cette découverte comme thérapeutique dentaire ;citons A.P.Leca dans La médecine dentaire au temps des Pharaons qui conclut que ce n’est pas une prothèse, F.Sallou qui tente de démontrer que c’est un exemple de ligature de contention,Quenouille qui, ne tranche pas mais conçoit qu’il a pu être utilisé pendant la vie du patient, M J Becker qui considère que cela n’a rien a voir avec un quelconque travail thérapeutique (serait ce une amulette ?), enfin J A.Trillou qui défend la thèse de la pose après la mort afin d’améliorer l’apparence et de rétablir l’intégrité corporelle du défunt qui, selon la religion égyptienne, « s’entretient avec les dieux ». Malheureusement les références de cet auteur sont fausses tant sur le plan de la date de la découverte que sur l’identité du découvreur, seul le lieu est correct.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatre × cinq =

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.