Annoncée comme le temps fort du Congrès de l’UNPPD à Montpellier, la conférence commune avec le Dr Thierry Soulié, Président des Chirurgiens-Dentistes de France et Laurent Munerot, Président de l’UNPPD, aura permis des échanges francs entre les deux organisations et le public présent dans la salle. Nous vous proposons ici un compte-rendu de cette table-ronde.
Laurent Munerot : Je voulais en introduction de cette table-ronde remercier Thierry Soulié, le Président des Chirurgiens-Dentistes de France, d’être à nos côtés aujourd’hui car il était important pour nous que nous puissions échanger en direct avec un représentant de la profession dont nous sommes les collaborateurs ou plutôt les coopérateurs, puisque nous parlons de coopération entre chirurgiens-dentistes et prothésistes dentaires.
Il était également essentiel pour nous aujourd’hui de pouvoir non seulement analyser cette convention, mais aussi d’en voir les effets. Les effets à court terme, on en parlera toute à l’heure, les effets à plus long terme sur nos professions, sur l’écosystème dentaire français aujourd’hui.
Et puis essayer de voir comment nous pouvons encore mieux travailler ensemble et prouver que les chirurgiens-dentistes ont intérêt à travailler avec leurs laboratoires de proximité, puisque tu comprendras bien Thierry, que c’est ce qui nous intéresse nous ici dans cette salle, qui réunit les prothésistes dentaires de France.
On l’a dit, les prothésistes dentaires n’ont pas participé à l’élaboration en tant que tel, puisque nous n’étions pas considérés comme une profession médicale qui avait à conventionner avec la Sécurité Sociale. Cela nous a beaucoup “chagriné” que l’on parle de prothèses dentaires sans que nous soyons associés à ces échanges. Nous avons été associés par la suite, dans un groupe de travail qui s’appelait “Exigences esthétiques et thérapeutiques”, pour lequel nous avons fait des propositions qui n’ont pas toujours été retenues. Je sais que nous allons pouvoir continuer à en faire puis qu’aujourd’hui tout n’est pas terminé.
Je crois qu’il est intéressant déjà de redonner les bases des données que nous avons. Nous disions quatre paniers, parce qu’il ne faut pas oublier qu’il existe quand même un panier CMU-C ACS, (qui aujourd’hui ont été regroupés) et c’est donc quand même un panier important.
Est-ce que ce panier va augmenter ou pas, peut-être que le Président des Chirurgiens-Dentistes pourra nous le dire… C’est quelque chose auquel les laboratoires étaient confrontés depuis quelques années déjà, puisque souvent les chirurgiens-dentistes nous disaient : « C’est un CMU donc il nous faut un tarif plus adapté au CMU ». On v
100% santé, panier maîtrisé, panier libre
Laurent Munerot : Tu sais que notre difficulté et je sais que c’est la même du côté des chirurgiens-dentistes, c’est bien la problématique de l’information.
L’information de chaque côté, celle du côté des chirurgiens-dentistes, et l’information des prothésistes dentaires pour ce qui est de l’UNPPD. Nous avons essayé de faire des réunions un peu partout en France et je sais que tu l’as fait comme nous. Nous avons essayé de porter la parole. D’expliquer souvent et encore aujourd’hui, nous nous apercevons qu’il y a beaucoup de méconnaissances et beaucoup d’incompréhensions.
Beaucoup d’incompréhensions sur cette Convention, qui est quelquefois mal comprise, mal interprétée, (nous l’avons vu encore hier lors de la table ronde du Comident que nous avons fait ensemble), et je crois que nous avons encore besoin d’informer.
Dans cette information, il ne faudra peut-être pas oublier non plus le patient qui, lui encore à partir du 1er janvier 2020, va penser que les prothèses dentaires seront gratuites. Or ce n’est pas tout à fait comme cela qu’il faut expliquer les choses.
Ce qui nous a semblé important, lors de la présentation que nous faisions aux prothésistes dentaires partout en France, c’était de dire que lors des discussions, sur les trois paniers, il y a eu des déterminations de volume : il a été posé comme hypothèse que 46 % du volume des actes seraient dans le panier reste à charge 0 ce qui représenterait 35% du volume d’honoraires des chirurgiens-dentistes ; que dans le panier maîtrisé cela représenterait 25% du volume des actes contre 34 % du volume d’honoraires et que le panier libre prendrait 29% pour 31 % du volume d’honoraires.
C’est important pour nous de le savoir car cela nous engage tout de suite en tant que prothésiste dentaire à nous dire : les prothèses que nous allons avoir à faire demain, seront bien celles qui seront dans le panier reste à charge 0, pratiquement pour la moitié des cas. Nous verrons si l’on peut discuter de cela et comment sera-t-il possible d’envisager cette possibilité.
Un petit rappel sur les tarifs sur le 100% santé, vous savez que cette cette Convention a été faite sur deux axes, c’est-à-dire en ce qui concerne la prothèse : la localisation de la dent et le matériau utilisé. A chaque fois, nous avons des déterminations différentes avec des prix plafonds pour le chirurgien-dentiste selon la localisation de la dent et selon la prothèse, le matériau qui est utilisé.
Zircone / hors zircone
Laurent Munerot : Avec mes collègues du Conseil et du Bureau National de l’UNPPD et de ceux qui m’ont accompagné quelques fois à la Caisse d’Assurance Maladie pour discuter sur cette différence…
Il faut avouer que nous étions plutôt favorables à ce qu’il y ait une différenciation sur l’esthétique de la prothèse, sur vraiment sa dénomination esthétique. Nous aurions voulu que l’on parle plus de monocouche / multicouches, qui pour nous, représente un travail plus important. Un travail plus esthétique où le prothésiste peut démontrer son savoir-faire. Alors que là, nous sommes uniquement sur une histoire de matériaux zircone / hors zircone, à une époque où l’on sait que les matériaux vont évoluer dans le temps, sans trop savoir ce qui se passera dans le futur.
Nous avons aujourd’hui déjà, des matériaux que l’on pourrait nommer matériaux hybrides. Ils sont difficilement classables car pour nous, cela devrait presque être des matériaux pour réaliser des provisoires mais aujourd’hui ils sont considérés comme des matériaux “réels”. C’est autant de choses que nous aimerions aussi échanger avec toi.
Les Bridges
Laurent Munerot : Concernant les bridges, nous avons bien compris que cela compliquait la vie des chirurgiens-dentistes, des cabinets dentaires. Car la nomenclature aujourd’hui n’est pas très favorable à ce que vous choisissiez un code ou un autre.
Nous nous demandons dans ce qui a été prévu, quand on part d’un bridge trois éléments qui est la base de la discussion, n’aurions-nous pas intérêt à rajouter pratiquement un élément ? En effet, à partir du moment où on ajoute un élément, nous nous retrouvons dans du tarif libre pour le 4e élément…
Et est-ce que cela ne rend pas libre, le tarif du bridge quatre éléments ?
Tu vois que j’ose te poser toutes les questions, nous avons dit ensemble que nous nous dirions tout donc j’espère que tu voudras bien essayer de nous éclairer sur ces choses-là.
La Couronne métallique
Laurent Munerot : Concernant la couronne métallique à 320 euros, nous avons vu beaucoup de controverses sur ce sujet. Nous y reviendrons, car qu’aujourd’hui, il y a une petite polémique autour du Cobalt.
Lorsque l’on nous dit que le cobalt va être interdit, comment allons-nous faire pour trouver un matériau de remplacement ?
Ou, allons-nous être amenés demain, à faire plein de couronnes métalliques, qui seront soi-disant des couronnes cancérigènes, comme certains l’ont posté sur Facebook pour s’amuser à affoler ?
La question n’est pas là, ne sommes-nous pas dans quelque chose de rétrograde ?
Quand aujourd’hui nous avons l’impression que la prothèse métallique est valorisée, nous ne pensons pas cela, bien au contraire, nous espérons qu’il n’y aura pas plus de prothèses métalliques, de couronnes métalliques qu’aujourd’hui … Nous voudrions également échanger sur ce sujet car nous savons bien que cela peut créer des problématiques !
Voilà autant de petits rappels, je ne rentre pas dans les détails de la Convention ni des tarifs, ce n’est pas le sujet aujourd’hui et je suis sûr que mes collègues présents ici, auront beaucoup de questions à poser.
Frédéric Simottel : Il existe d’ailleurs une plaquette sur ce sujet et qui explique toute la Convention.
Laurent Munerot :Tout à fait, l’UNPPD a réalisé une plaquette, nous avons beaucoup travaillé pour essayer de proposer un document qui soit claire pour expliquer tous ces dispositifs pour les prothésistes dentaires. Nous nous sommes aussi inspirés de ce qui a été fait par les chirurgiens-dentistes et notamment par la CNSD (CDF) comme les réunions et informations sur ces sujets-là.
Il nous paraissait important, pour moi et pour l’équipe du Bureau et du Conseil national de l’UNPPD, que les prothésistes dentaires soit informés. Nous savons qu’ils ne sont pas impliqués dans la Convention, qu’ils n’ont pas à s’occuper normalement de la Convention. Mais j’estime que si les prothésistes dentaires sont informés, ils pourront aussi quelquefois informer leurs praticiens, qui eux le sont peu parfois… Et puis quelques fois, avoir au moins la connaissance du pourquoi le praticien leur demande cela et peut permettre aux prothésistes de leur proposer d’autres solutions viables en les amenant à satisfaire le patient, tout en continuant à travailler correctement, qualitativement et économiquement.
Les Inlays core
Laurent Munerot : Les inlays core, nous savons qu’il y avait eu de grosses discussions sur ce sujet. Comme tu le sais, je suis également Président européen des prothésistes dentaires, souvent mes collègues européens me demandent pourquoi il y a tant d’inlays core en France. C’est une pratique qu’ils connaissent beaucoup moins dans d’autres pays. Quelque part on “détruit” des dents, même si cela parait péjoratif de dire cela en thérapeutique, mais on a détruit des dents pour poser des inlays core et aujourd’hui, on essaye de faire machine arrière avec cette Convention, pour paraître plus “soignants” et respecter les dents.
Nous pourrions donc aborder cette problématique des inlays core qui aujourd’hui sont pris en charge à 230 euros mais qui baisse à 175 euros (au 1er janvier 2020), ce qui va forcément impliquer aussi les laboratoires pour qui cela représentait une partie de leurs chiffre d’affaires.
Le Panier Libre
Laurent Munerot : Le panier libre finalement revient à ce que l’on connaît aujourd’hui. C’est-à-dire que le praticien fixe librement ses honoraires sur beaucoup d’articles différents. Sur les couronnes métalliques en métal précieux, les céramo-métalliques sur molaires…
Aujourd’hui nous avons encore beaucoup de choses qui restent dans ce panier libre.
Ce que nous ne savons pas encore c’est comment cela va se passer, quand le patient va arriver chez son praticien en sachant que le zéro reste à charge existe, quelle est la relation qui va pouvoir y avoir entre le praticien et le patient qui va demander : « J’aimerais bien avoir une prothèse où bien sûr il n’y a pas de reste à charge ». On pourra lui expliquer que peut-être, la thérapeutique implique qu’il ait besoin d’autre chose. Que l’on devra peut-être quand même, quelque part lui imposer un reste à charge car la qualité esthétique, la qualité technique de la prothèse dont il a besoin, n’est pas forcément dans le reste à charge 0 non plus. Même si on le sait et tu pourras l’évoquer, le devis obligatoire qui est en cours de finalisation aujourd’hui, imposera aux praticiens de faire une proposition en reste à charge zéro.
Métal précieux
Laurent Munerot : Concernant le métal précieux, même si les prothésistes utilisent beaucoup de semi précieux, aujourd’hui nous avons contacté la Caisse d’Assurance Maladie pour savoir exactement ce que nous devions faire pour le semi-précieux. Après avoir contactés les chirurgiens-dentistes conseil de la CNAMTS, pour eux il y a précieux ou non précieux, mais le semi-précieux n’existe pas ! Pourtant les fabricants utilisent toujours cette dénomination, il faudra donc, quand même, que nous déterminions ensemble où nous souhaitons aller.
Timeline de la Convention
Laurent Munerot : Je vais juste finir par la timeline de la Convention.
Au 1er avril 2019, c’était le début de l’application des plafonds sur les tarifs des prothèses dentaires. En aucun cas, il n’y a eu de modifications sur les remboursements, aussi bien de la part de la Sécurité sociale que des mutuelles… Sauf quelques mutuelles qui, par soucis plus “commercial”, ont déjà proposé des offres pour essayer d’inciter la population et les patients à aller vers eux.
Nous savons qu’au 1er janvier 2020, cette fois-ci, il y aura un début de prise en charge par les complémentaires dans le 100% Santé et donc ce ne sera qu’à partir du 1er janvier 2020 que les patients pourront demander quelque part, à ne pas avoir de reste à charge et c’est ce qui nous inquiète. Que va-t-il se passer dans les deux/trois mois avant, va-t-il y avoir un petit temps où le patient va vouloir reporter sa prothèse pour profiter de ce Zéro reste à charge ?
Ensuite à partir du 1er janvier 2021, nous avons des introductions dans la Convention sur les prothèses adjointes résine, sur les réparations, sur les prothèses complètes et puis, à partir du 1er janvier 2022, sur les châssis métalliques, qui forcément vont faire rentrer une grande part des prothèses dans ces paniers avec des plafonds imposés pour vous, chirurgiens-dentistes mais qui par conséquent vont nous être imposés aussi à nous, laboratoires de prothèse dentaire.
Voici autant de choses sur lesquelles, nous avons besoin d’échanger car nous connaissons tous les deux les conséquences de cette Convention, dont on ne peut que se réjouir. Car il ne faut pas dire qu’elle est néfaste, c’est bon pour la population et j’aimerais bien que l’on en trouve les effets positifs plutôt que ce que l’on entend quelquefois, sur les conséquences négatives de la Convention.
Les chirurgiens-dentistes quelquefois ont tendance, et ce n’est pas en relation avec ton organisation professionnelle, à appeler leurs laboratoires et réduire la Convention à : “puisqu’il y a une une réduction de nos tarifs, il faut absolument que vous aussi prothésistes dentaires, vous réduisiez vos tarifs !” Aujourd’hui nous connaissons les prix des salaires en France, il y a certainement des choses à faire et on va en parler pendant le Congrès, pour que les laboratoires améliorent leur façon de faire, s’adaptent sur les matériaux, adaptent leurs notions de gestion d’entreprise, de calcul de coût. Même si nous n’atteindrons jamais le niveau de ce qui peut être fait dans des pays à bas coût de main d’œuvre où les salaires sont dix fois moins importants que chez nous.
On ne peut donc pas nous imposer de faire des céramiques à 70 ou 80 euros aujourd’hui, ce n’est pas possible. Il va bien falloir trouver une solution et j’espère qu’on pourra la trouver pour prouver que les prothésistes dentaires, les laboratoires en France sont capables de répondre à une offre de proximité pour les chirurgiens-dentistes. Et que les chirurgiens-dentistes ont tout intérêt à travailler avec les laboratoires qui sont près de chez eux. Il faut trouver les moyens, les moyens financiers, en tout cas des tarifs adaptés, pour pouvoir continuer à travailler ensemble et peut-être au travers de ce que nous avons mis en place il y a quelques années et dont nous avions discuté ensemble sur les chartes qualité, des choses que nous pourrions essayer de mettre en œuvre ensemble.
Frédéric Simottel : Un mot important : Coopération.
Laurent Munerot : Vous savez que c’est quelque chose que nous essayons de mettre en avant depuis longtemps au niveau de l’UNPPD : une Coopération en toute transparence.
Pourquoi transparence ? La transparence sur les prothèses dentaires. La profession est beaucoup affectée par l’importation de prothèses dentaires, c’est toujours une réalité aujourd’hui. Cela fait des années que l’on dit 30% du marché proviennent de pays à bas coût de main d’œuvre. Nous n’arrivons pas à le mesurer, d’autant plus que les laboratoires d’importation ne déposent pas leurs chiffres d’affaires. La Coopération, c’est quelque chose à laquelle on tient, et parce que nous pensons que c’est l’avenir de nos professions aujourd’hui, de pouvoir travailler en bonne intelligence, en bonne coopération. De plus avec l’arrivée de la réglementation européenne qui va nous impacter, nous aimerions bien que le patient, à minima, soit informé de l’origine de sa prothèse.
Il n’est pas question de dire qu’il faut interdire les prothèses de Chine, nous savons très bien que c’est impossible avec la mondialisation. Nous savons très bien la difficulté que c’est, mais informer le patient sur le fait qu’il existe une déclaration de conformité qui existe, qu’elle doit lui être remise, ce sont les textes, et nous devons trouver ensemble le moyen d’en faire justement un moyen de pression pour qu’ensemble, nous puissions travailler correctement.
Frédéric Simottel : Le décor est bien planté, les questions sont déjà prêtes… Vous avez pris pas mal de notes, Thierry Soulié ! Merci encore d’être là évidemment pour répondre à plusieurs des questions, la première c’est de nous dire pourquoi, en tant que Président des Chirurgiens-Dentistes de France, vous avez signé cette Convention et puis nous expliquer un peu votre position. Comment voyez-vous cette profession de dentiste puis peut-être aussi, votre position vis-à-vis des prothésistes dentaires.
Ensuite nous pourrons reprendre aussi certaines des questions posées par Laurent Munerot.
Pourquoi cette Convention ?
Thierry Soulié : D’abord Laurent je te remercie de m’inviter et je crois que c’est la première fois sincèrement que je participe à une réunion de prothésistes et plus globalement à une réunion qui dépasse le cadre de ma profession. Quand tu tu m’a proposé de venir, c’était au congrès de l’ADF en novembre et j’ai spontanément dit oui. Cela ne me pose absolument aucun problème puisque ce que je vais vous dire là, c’est ce que je pense depuis toujours. Vous ne verrez jamais dans mes écrits, des choses qui aient pu être à l’encontre des prothésistes. J’ai toujours considéré que la collaboration et la coopération entre les métiers qui sont très proches et au service de nos passions.
Nous avons signé cette convention égoïstement. Pourquoi ? Parce que depuis très longtemps, cela fait un peu de temps que je suis dans le syndicalisme, pas à haut niveau puisque je le faisais de façon locale, mais avant de prendre les rênes de la Confédération qui s’appelait avant la CNSD et qui s’appelle les CDF aujourd’hui.
Cela faisait très longtemps que nous nous battions sur l’ équilibre de notre activité, l’équilibre économique. Il ne vous a pas échappé, vous êtes prothésistes mais vous êtes aussi patients quelque part, que les soins dentaires ont toujours été sous-valorisés en France. Que depuis des années, (depuis à peu près les années 78/80), tout a été fait pour libérer la prothèse.
Il faut que vous sachiez et tout le monde ne le sait pas, qu’à l’origine des conventions y compris la nôtre, celle des chirurgiens-dentistes, tous les actes étaient opposables. J’ai commencé mon activité avec des actes de prothèses opposables, et elles n’ont du la liberté sur la prothèse qu’à la CNSD. C’était Jacques Monod, en 1991, qui a signé une convention. J’étais totalement favorable, j’étais un jeune praticien à l’époque, mais j’étais déjà très militant. Et j’avais dit :« Il faut libérer la prothèse car notre pays ne considère pas le dentaire comme quelque chose de prioritaire dans la santé en général ». Il y avait toujours de l’argent mais c’était le début des déficits, vous avez toujours entendu parler du trou de la Sécu, ils ont donc bloqué les honoraires des soins, il fallait libérer la prothèse. Et nous avons bien fait de le faire car cela a permis si vous voulez, d’amener du financement dans les cabinets, du financement dans les laboratoires aussi et de faire progresser nos deux professions, de manière concomitante.
Tant et si bien et sachez-le ça aussi, que lorsqu’on a libéré la prothèse, des confrères nous disaient : « Il faudra qu’on fasse des devis pour les patients pour les couronnes », alors qu’on vivait à l’époque sans tout cela. C’est juste un bref historique pour vous dire que ce qui nous est arrivés, c’est-à-dire la liberté des honoraires des prothèses, c’est quelque chose de transitoire et que dans nos conventions, les conventions qui lient l’Assurance Maladie à la Chirurgie dentaire et donc au patient, n’avaientt autorisé la liberté que de manière transitoire.
D’ailleurs en 1996 exactement, avec Martine Aubry, nous avions signé la Convention qui est l’embryon de celle-ci, qui était sur trois actes à l’époque : la céramo-métallique, sur la couronne métallique et la CIV. Avec en échange du plafonnement de ces trois actes, des revalorisations programmées sur des actes de soins de chirurgie un peu comme aujourd’hui.
Les années ont passé quand je vous ai dit qu’on avait obtenu la liberté en 1991, nous avons signé cette convention en 2018, voyez que presque 30 ans ont passé entre les deux phénomènes. Entre temps, l’inflation a fait que la prothèse dans mon cabinet est devenue majoritaire en termes de financement, au détriment des soins et qu’il était absolument indispensable d’équilibrer notre activité sans quoi il allait se passer quelque chose, c’est-à-dire des effets pervers dans notre profession.
Les gens commençaient à renoncer de plus en plus aux soins, et tu l’as montré (Laurent). Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les gens renoncent aux soins, probablement effectivement à cause de la douleur, la peur du dentiste, encore que cela baisse, mais je peux vous dire que nous le voyons avec les devis, ce sont essentiellement des problèmes financiers qui font que les prothèses sont refusées ou du moins les actes prothétique sont refusés.
Nous avons donc signé une Convention qui rééquilibrait les choses mais nous ne l’aurions pas signée, s’il n’y avait pas eu de l’argent mis dans notre profession, et que la profession des chirurgiens-dentistes en bénéficie avec un solde positif autour. C’est-à-dire que le plafonnement évidemment impacte nos professions c’est donc un effort que nous faisons. C’est un moins. Mais ce que nous avons considéré c’est que l’investissement des assurances maladie obligatoire et complémentaire, devait être supérieur à l’effort que nous faisions.
Alors tu parlais tout à l’heure du chiffre de 11 milliards d’euros et tu as raison, mais il faut que vous sachiez que la Convention qui va s’échelonner sur cinq ans, représente 1,3 milliard d’euros c’est-à-dire plus de 10% de l’investissement, ce que nous n’avons jamais vu dans notre profession.
Avec un effort de 418 millions d’euros, 17 millions d’euros de la profession avec un gain réel de 421 millions d’euros. Donc imaginez-vous bien une chose c’est que si la profession de celui qui vous achète la prothèse a plus de moyens, vous allez aussi en profiter ! Et que sur ses 421 millions d’euros de bénéfices pour la profession, plus les 300 millions d’euros que représente le reste à charge zéro (car je ne les ai pas inclus là-dedans). Le reste à charge zéro ce n’est pas sur les soins, c’est bien sur la prothèse et c’est bien sur votre activité que cela va se définir.
Donc égoïstement oui, il était absolument indispensable que nous renégocions une convention qui rééquilibre les choses pour rendre service aux patients avec un effort des praticiens mais un effort aussi concomitant des financeurs.
Laurent, tu as dit : « Nous n’avons pas été associés aux conventions». Il faut que vous sachiez que les conventions sont négociées historiquement, que ce soit pour les médecins, pour les kiné, les infirmières y compris pour nous, uniquement et exclusivement entre les représentants de la profession, donc les syndicats représentatifs de la profession et l’Assurance Maladie Obligatoire.
N’ont été tolérées les complémentaires que sous Sarkozy, qui avait instauré dans la loi en 2006, la possibilité pour les professions médicales dont le financement devenait majoritaire de la part des complémentaires, que ces complémentaires puissent être associées aux négociations. Donc d’une négociation bipartite pour toutes les professions médicales (médecins/sécu, kiné/sécu, chirurgien-dentiste/sécu), nous sommes la seule profession médicale où le financeur majoritaire est devenu en 2008, l’Assurance Maladie Complémentaire.
A ce titre là, les complémentaires sont venues donc négocier avec nous de manière tripartite. Mais dans aucune autre profession ne sont intervenues malgré la pression des patients, des associations de consommateurs…
Car au-delà, tout ne vous regarde pas, si vous voulez. Dans le consentement éclairé du patient, dans ce qui relève du dossier médical partagé, dans des choses qui relèvent du médical pur, vous n’avez pas votre mot à dire.
Par contre, nous comprenons et nous avons fait appel à vous dans les groupes de travail qui vous concernent, dans l’esthétique thérapeutique et j’ai fait ce qu’il fallait pour.
[…]
Frédéric Simottel : Thierry, vous dites depuis longtemps que vous tenez compte des prothésistes dentaires, de leur position dans tout cela, mais est-ce que vous avez compris qu’il y allait avoir une crainte de leur part quand vous avez signé la Convention. Quelle est votre réaction ?
Thierry Soulié : La crainte, je la comprends. Je la comprends d’autant plus que vous avez été et je n’ai pas peur de le dire, pollués par certains débats qui ont eu lieu à l’intérieur de notre profession, où vous l’avez bien compris nous sommes trois syndicats (et puis il y a les enseignants…).
Il n’y a pas de profession homogène et dieu merci parce que c’est dans la diversité qu’on s’enrichit, l’uniformité j’ai toujours tendance à dire qu’elle est ennuyeuse et ennuyante ! Donc cela ne me pose aucun problème d’avoir des débats de fond sauf que aller à des fins, et vous devez probablement avoir peut-être les mêmes problèmes, Laurent tu me le diras, vous avez peut-être des concurrents syndicaux, et nous vivons certaines difficultés avec d’autres obédiences syndicales qui cherchent à avoir toujours pareil, vous savez c’est l’histoire du calife.
Il s’est dit beaucoup de choses et notamment des choses qui sont très anxiogènes : « On va mettre la profession en l’air, parce qu’on a négocié, etc.».
Il faut que vous sachiez que si la prothèse a augmenté, ce n’est pas dû à la liberté, pourtant c’est bien la liberté qui a fait élever les tarifs. Oui, nous avions la liberté, à une condition : qu’il y ait derrière quelqu’un qui finance. On oublie toujours dans notre pays que lorsque l’on vend un produit, il faut toujours qu’il y ait un acheteur et que c’est toujours l’acheteur qui détermine le tarif. C’est vrai pour un aspirateur, je connais très bien puisque je suis chirurgien-dentiste, je suis aussi le frère de quelqu’un qui est directeur d’une grosse boîte en France et qui connaît un peu le management ! Donc je peux parler de quelque chose que je connais bien : un produit ce n’est pas celui qui le vend qui fixe le tarif, il peut toujours le fixer, c’est le marché qui fixe le tarif donc toujours l’acheteur.
Quand nous avons une prothèse que l’on vend à x euros, elle correspond à quelque chose qui est financé par trois acheteurs : par l’Assurance Maladie Obligatoire, par l’Assurance Maladie Complémentaire et par la part des ménages.
Je vous ai dit tout à l’heure que depuis 1991, nous avions signé la convention avec la liberté des honoraires.
Certes la liberté des honoraires, il fallait la faire, pourquoi ? Parce qu’à l’époque, il y avait de l’inflation dans notre pays et de l’inflation parfois à deux chiffres. Il était lucide de penser que lorsque l’on faisait appel à un financeur, en l’occurrence l’Assurance Maladie Obligatoire, on pouvait penser que s’il ne finançait pas, il fallait à tout prix avoir dans la profession quelque chose qui permette de financer. Mais aussi en ayant bien soin de penser qu’à l’époque, il y avait un deuxième financeur qui ne finançait pas : c’était l’Assurance Maladie Complémentaire.
Tout à l’heure Laurent, tu as parlé de 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires de notre profession qui alimente donc pour 1,2 milliard votre profession. A l’époque en 1991, le chiffre d’affaires partagé des 37 000 praticiens était de l’ordre de 5 à 6 milliards d’euros. L’Assurance Maladie Complémentaire finançait aux alentours de 2,2 milliards d’euros à cette époque sur les 5 à 6 milliards d’euros.
Les ménages à l’époque dépensaient 2,1 milliards dans notre activité. 30 ans après nous sommes passés à 11 milliards d’euros, c’est-à-dire que les 5 à 6 milliards d’euros ont presque doublé. L’Assurance Maladie Obligatoire est passée de 2,5 à 3,9 milliards aujourd’hui. Par contre il y a un troisième élément c’est quand 1991, l’Assurance Maladie Complémentaire dépensait 400 millions, aujourd’hui elle participe à hauteur de 4,6 milliards, c’est-à-dire qu’en l’espace de moins de 30 ans, elle a multiplié par dix sa solvabilisation.
En 2006, j’avais dit la prothèse va baisser en valeur pour plusieurs raisons. Personne ne voulait me croire à l’époque, j’étais Président de commission à la CNSD et quand je disais cela, les gens pensait que j’étais fou ! Ce n’est pas vrai ! Parce qu’on était dans une prothèse qui augmentait (et je pourrai débattre tout à l’heure si vous voulez pour vous expliquer pourquoi elle avait augmenté). Mais on savait qu’elle allait baisser tout simplement parce que les ménages ne pouvaient plus augmenter leur part, parce qu’il n’y avait plus d’inflation… On savait aussi que la concurrence deviendrait plus importante. On commençait à deviner l’histoire des réseaux sociaux, on voyait poindre les centre de santé bucco-dentaire qui allaient instaurer dans notre secteur une concurrence bien plus sauvage que ce que l’on peut imaginer par rapport aux plafonds.
La véritable liberté elle est celle-là , c’est-à-dire que pendant des années notre profession a travaillé dans une bulle financière, dans une bulle complémentaire, dans une bulle technique. Si bien que la liberté, ce n’est pas celle qui a fait augmenter les tarifs, ce sont les complémentaires qui ont solvabilisé et si vous regardez bien, les chirurgiens-dentistes n’augmentent plus leurs tarifs depuis cinq/six/sept ans.
Pourquoi ? Parce que les complémentaires (à peu près depuis 2008), ne veulent plus payer en aveugle et n’augmentent plus leur part de solvabilisation. Je vous fais le schéma très rapidement : si les complémentaires montent, nous montons, si les complémentaires stabilisent, nous stabilisons et si elles baissent, nous baissons.
Pour en revenir donc à la Convention qui vous intéresse et la peur que vous avez sur le reste à charge zéro. Ce que nous avons signé avec le reste à charge 0, c’est l’augmentation de la prestation des complémentaires de manière à assurer le volume d’activité pour les cabinets dentaires. Alors, vous allez me dire ça a baissé, moi je vous dis sur la valeur cela a impacté à peu près 30% des praticiens mais 70 % des praticiens se trouvent en dessous ou à égalité aujourd’hui aux tarifs que nous avons négocié. Donc 70% d’une activité n’est pas touchée et nous allons avoir de l’activité supplémentaire. Tu as parlé tout à l’heure de renoncement aux soins, nous espérons que ces gens-là vont venir. Donc si vous compensez le volume et la valeur des actes, je prends le pari devant vous aujourd’hui et je veux bien revenir le rendre, si tu m’invites dans un an ou deux, dans un an ce sera peut-être un peu trop court parce que nous n’aurons pas vu tous les effets, mais dans deux ou trois ans j’espère que nous serons là et que nous pourrons bien analyser les chiffres et je prends le pari devant vous que l’activité prothétique n’aura pas baissé.
Après il y aura d’autres choses, d’autres facteurs qui peuvent jouer mais qui ne sont pas directement liés à la Convention.
Frédéric Simottel : Parce qu’il va y avoir une partie des actes, des soins qui vont être revalorisés aussi.
Thierry Soulié : Oui, mais cela ne vous concerne pas puisque l’acte et les soins conservateurs c’est odon-dentaire, au niveau des chirurgiens-dentistes ce sont les soins de restauration. Cela va permettre aussi certainement de dégager aussi du revenu pour le chirurgien-dentiste et s’il dégage du revenu là, après tout, il pourra acheter de la prothèse. Il pourra investir aussi ! Il va investir dans d’autres secteurs d’activité car les 11 milliards, ne sont pas bien évidemment uniquement pour la poche des chirurgiens-dentistes, ils servent à payer les assistantes dentaires, évidemment les travaux des laboratoires, les investissements, les impôts, l’URSSAF… Il ne nous reste pas, hélas 11 milliards pour nous.
Frédéric Simottel : Laurent, nous avons parlé beaucoup de chiffres, il va y avoir un investissement de 800 millions de la part de l’Assurance Maladie, comment sait-on que c’est le bon chiffre chiffre ces 800 millions qui vont être investis ?
Laurent Munerot : J’ai presque envie de répondre ça ne nous concerne pas mais je voulais revenir sur ce que vient de dire Thierry. Ce qui est important c’est vrai, c’est que nous sommes conscients de cela. Lorsque nous faisons des réunions partout en France, j’ai expliqué ce phénomène du fait qu’il y aura un rééquilibrage qui sera fait et que le praticien va quand même gagner un petit peu plus sur les soins conservateurs que ce qu’il perd sur la prothèse. Mais aujourd’hui, de par le manque d’informations, de par les rumeurs et les mauvaises informations, les fake news qui ont été “balancées” un petit peu partout et de par une appréhension aussi du chirurgien-dentiste, sa première réaction c’est de simplement se poser sur le prix de la prothèse et de dire puisqu’on baisse le prix de la prothèse et bien je vais gagner moins donc il faut que j’achète de la prothèse moins chère. C’est quand même cela qui se passe aujourd’hui !
C’est la réaction première des praticiens et aujourd’hui je pense que plein de prothésistes peuvent le dire dans la salle, c’est d’appeler son prothésiste dentaire pour lui dire : « Il faut que tu baisses tes tarifs parce que nous aussi on a baissé donc il faut que tu me fasses moins chers ».
Alors est-ce qu’on fait une baisse des tarifs au détriment de la qualité et c’est certainement pas ce que veulent faire les prothésistes dentaires ou est-ce qu’on doit trouver la bonne façon de faire et surtout d’informer pour dire : « Arrêtez de nous raconter des histoires vous gagnez quand même ! ».
Il y a des augmentations et je ne vais pas détailler toute la Convention ce serait trop long ici, mais sur des inlays/onlays, sur certains soins où il y a jusqu’à plus de 100 % d’augmentation du tarif, même si c’est parti de très bas, et on est d’accord là dessus. Nous savions très bien que les chirurgiens-dentistes pour l’instant, ne pouvaient pas gagner leur vie en faisant des soins conservateurs, on savait que c’était 30 % de leur activité sur la prothèse et 70% sur les soins alors que c’était l’inverse sur le chiffre d’affaires. Donc aujourd’hui il faut lever le voile et j’ai presque envie de dire que vous devez nous y aider quelque part, sur le fait qu’un chirurgien-dentiste aujourd’hui, avec les 421 millions d’euros que tu viens de citer qui sont le “plus” qu’ils vont avoir globalement, ils n’ont pas de crainte à avoir non plus sur la prothèse et ils peuvent continuer à acheter à minima au même prix, la prothèse dentaire, aujourd’hui aux laboratoires qui sont en France.
Thierry Soulié : Moi je tiens à te rassurer là dessus, évidemment c’est la tendance naturelle des humains… Mais ce n’est pas que chez nous je veux dire, je n’aime pas effectivement cette attitude, je regrette ce qui est fait. Chez moi, je n’ai jamais appelé mon prothésiste dentaire, comme tu le disais toute à l’heure, et je me suis heurté là-dessus, je n’ai jamais dit à mon prothésiste prothésiste : « C’est un patient CMU », jamais ! Pour moi, je vous assure, on a une forme d’éthique lorsque l’on dit : « Moi, mon prothésiste ne sait pas que c’est un patient CMU, jamais je ne lui ai dis c’est un patient CMU ».
Alors les confrères vont peut-être me le reprocher, mais on peut travailler avec des prothésistes, évidemment il y a des techniques qui sont très très élevées, très coûteuses mais il ne faudrait quand même pas oublier que nous avons des actes libres. Il y a pratiquement 30% de la prothèse qui sera dans le panier libre. Et j’ai dit tout à l’heure que 70% des confrères ne sont pas impactés par les plafonds. Donc ils n’ont a priori, aucune raison de vous faire valoir cet argument. Donc je ne le comprends pas…
En fait si je comprends très bien parce que je sais ce qu’est la nature humaine. Hier au Comident, on aurait pu également leur dire à ce moment-là : « Comme la prothèse baisse et bien vous allez même baisser aussi le prix des matériaux ! ».
Vous savez nous sommes dans une économie de marché aujourd’hui, je regrette que la santé soit mise dans une économie de marché, mais je suis un pragmatique. Je me suis présenté l’an dernier devant mes confrères et je leur ai dit : « Je n’ai pas peur, je suis un vrai libéral ! Je suis très attaché à la santé publique, je suis très attaché au social, je n’ai pas peur de l’entreprise libérale de proximité et qu’elle soit complètement compatible avec la médicalité en ce sens que si on veut bien soigner, il faut des soins, il faut des sous ! » Sans argent, on ne peut pas soigner et cela le Directeur de l’Assurance Maladie l’a très bien compris. Ce n’est pas une convention qui nous empêchera de travailler, bien au contraire.
Vous savez j’étais à Berlin la semaine dernière, je me suis retrouvé confronté avec les italiens et les allemands, j’ai quelques relations avec avec mes confrères étrangers, mais je suis désolé nous ne sommes dans le pays le plus à plaindre au niveau du dentaire, mais loin de là ! Nous sommes un des pays où il y a le plus de solvabilisation dans notre secteur. Alors solvabilisation dit fatalement régulation. Mais sachez que dans les pays où il n’y a pas de Convention, ils sont soumis à des système avec des contraintes concurrentielles qui font baisser les tarifs. Laurent, je te promet qu’en Allemagne, la prothèse est moins chère qu’en France mais dans le cabinet.
Laurent Munerot : Mais les laboratoires la vendent plus cher…
Thierry Soulié : Ce qui veut dire d’ailleurs que nous sommes cohérents dans le rééquilibrage, c’est que la marge sur la prothèse est inférieure en l’Allemagne parce qu’effectivement leurs soins conservateurs sont mieux payés, c’est cette démarche que nous avons faite. Cela n’a pas empêché les dentistes allemands de faire de la prothèse.
Laurent Munerot : Et puis ils ont des accords avec les systèmes de santé et les mutuelles qui valorisent la prothèse de bonne qualité puisqu’il y a des meilleurs remboursements quelquefois.
Thierry Soulié : Alors attention parce qu’il se dit beaucoup de choses. C’est le principe de la responsabilisation, quand on leur en parle c’est un peu moins clair que cela parce qu’ils en reviennent eux aussi…
On en arrive à des systèmes où effectivement il y a une responsabilisation mais chaque année on leur demande aussi de la moins-value, donc il y a l’effet retard là dessus. On le voit bien, vous savez on a tendance à voir le « Moi, je vous fais la meilleure convention du monde », en prenant de la prévention au Danemark, du prix de la prothèse dans certains coins à Washington, du remboursement du dentier complet en Irlande, parce qu’ils ne remboursent que ça, etc. Et avec ça, je vous fais la meilleure Convention du monde ! Sauf qu’elle n’existe dans aucun pays !
On prend toujours que le meilleur de chaque part pour faire le patchwork qui ferait une Convention. Mais je peux vous assurer qu’ils commencent à regarder notre Convention et ils s’aperçoivent qu’il y a beaucoup de choses à voir. Les italiens n’en ont pas, ils sont soixante mille praticiens et dans un pays qui est moins important que le nôtre en nombre de personnes, je vous laisse imaginer les chiffres d’affaires. Alors de temps en temps, ils ont effectivement les tarifs qui s’envolent mais il suffit de regarder dans la rue et vous verrez que tous les italiens ne sont pas appareillés, n’ont pas tous dents magnifiques.
[NDLR : Il y a environ treize mille laboratoires en Italie.]
Thierry Soulié : Je voulais également répondre par rapport aux bridges de tout à l’heure. Il faut que vous sachiez que ce n’est pas nouveau dans la Convention, c’était déjà dans la classification des actes et que s’il y a un bridge de trois éléments c’est parce que tout simplement, c’est un bridge de base qui a été décrit dans la CCAM et qu’effectivement tous les éléments supplémentaires sont libres.
Alors comme tu l’as dit, un bridge de trois éléments plus un, plus deux, plus trois est fatalement libre et il est libre quand ils échappent au panier. Mais on ne va quand même pas extraire une dent pour faire un bridge de quatre éléments pour le rendre libre ! Ce n’est pas le but !
Le cobalt pour traiter le cas rapidement. Nous sommes tout à fait conscients que les couronnes métalliques ne sont pas un avenir. Nous n’avons pas signé une convention pour valoriser les couronnes métalliques mais tout simplement parce qu’il s’en fait encore et vous le savez. Ne me dites pas que vous ne faites pas de couronne métal. Vous en faites moins mais vous en faites encore !
Frédéric Simottel : Ils en refont plus en plus (réflexions de la salle)
Thierry Soulié : Oui, mais ce n’est pas dû à la Convention, elle n’a que quelques jours la Convention ! Vous me le dites, je veux bien vous croire mais j’ai du mal à le penser. Il y a peut-être une concomitance, mais en un mois, les gens n’ont pas pu changer en si peu de temps ou alors il y a quelque chose qui se passe. Globalement, statistiquement, je vais vous dire, c’est qu’elle a peut-être augmenté dans certaines endroits mais à mon avis ça n’a pas de sens. S’il se fait des couronnes métal, ce n’est pas lié à la convention mais c’est lié à la paupérisation des gens. C’est exactement ce que je vous disais tout à l’heure, c’est la solvabilisation qui fait que les gens iront vers certaines choses. Si jamais il se fait plus de couronnes métalliques, c’est tout simplement parce qu’il y a des gens qui n’ont plus les moyens de se faire des céramiques à l’époque où il le faisait.
Je crois qu’il ne faut pas inverser les rôles, il ne faut pas tout attribuer en un mois et demi de Convention, on ne peut pas avoir changé par contre si on l’a signé c’est tout simplement parce qu’il en existe (des couronnes métalliques) et qu’on ne peut pas les rayer d’un trait de plume ! D’ailleurs, qu’auriez-vous dit si nous avions rayé de la carte les couronnes métallique de la Convention ? Qu’aurait-on entendu ? Nous avons pensé à un moment donné, mettre des couronnes céramique donc des zircone monolithiques peut-être les plus basses sur l’ensemble de l’arcade. Le seul problème c’est que les financeurs, en reste à charge zéro, nous demandaient de les financer à 350 euros. Parce que c’est toujours pareil, comme avec les complémentaires, on n’est pas dans un puits sans fond.
Donc il a fallu faire des choix.
La raison des paniers, pourquoi vous avez des raisons anatomiques : Tout à l’heure tu as posé la question sur les 1ère et 2ème prémolaires ?
Mais tout simplement parce qu’en macroéconomie ça fait vite 20, 30, 40, 50 millions d’euros et qu’il a fallu faire des choix, arbitrer des choix politiques et des choix économiques.
C’est tout simplement pour cela, sinon on pouvait faire très simple : zircone sur l’ensemble, on vire le métal, mais à 350 euros, vous auriez eu le tollé ! Donc il a fallu faire des choix pour que le tarif puisse correspondre en déciles (c’est-à-dire en tranche de 10 % de praticiens), pour ne pas impacter le maximum de praticiens et donc de prothésistes. Et si nous avons abordé effectivement le sujet de la toxicité du cobalt, si les couronnes métalliques doivent disparaître de la circulation, sachez que c’est quelque chose qui est quand même systémique, parce que si on enlève le cobalt des couronnes, il faut enlever toutes les prothèses de hanche car elles ne sont pas toutes en titane. Le matin quand vous ouvrez votre lavabo ou bien toutes les boucles d’oreilles, les ceintures, bref il faut revoir tout, c’est un truc qui est systémique. Le cobalt il y en a partout et s’il était aussi allergique que cela depuis qu’on a posé les millions de couronnes, alors on le saurait. Et je n’ai jamais vu d’allergie au cobalt en quarante ans d’activité.
Donc résultat des courses si jamais le sujet revenait, on en parlerait tout de suite avec le Directeur de l’Assurance Maladie et on repartirait en négociation, on renégocierait un matériau de remplacement substitutif pour remplacer le cobalt.
Sur l’inlay core pourquoi nous avons fait de l’inlay core je suis désolé moi je ne l’ai pas signé ! Parce que c’était l’Union Dentaire à l’époque qui s’appelait l’UJCD, on avait voulu, dans la même optique, que l’argent soit mis sur les soins conservateurs, ils ont été mis sur les inlay core. Vous avez l’exemple même, j’ai toujours dit qu’une nomenclature induisait les comportements. Quand l’inlay core n’était pas remboursé ou très peu, on n’en faisait pas et on se débrouillait pour faire à l’époque de l’amalgame, des tenons, on faisait du composite, etc. Mais quand c’est arrivé, c’est devenu d’une simplicité biblique et l’inlay-core est passé de quelques dizaines de millions d’euros à 700 millions d’euros pour l’Assurance Maladie en l’espace de quinze ans. C’est simple et donc c’est lui que nous avons décidé de sacrifier parce que nous considérons que ce n’est quand même pas une technique d’avenir et qu’il était quand même préférable de faire autre chose. Quitte à faire de la prothèse autant faire de la prothèse de qualité etc.
QUESTIONS DE LA SALLE
Jacqueline Frohman : On pourrait croire que c’est une question hors sujet mais je ne le pense pas. Estimez-vous qu’avec les nouvelles compétences qui sont maintenant données aux prothésistes dentaires avec le numérique, des certifications, des qualités qu’ils ont maintenant à vous accompagner et celles qui, hélas ne sont plus fournies dans l’enseignement des dentistes, votre prothésiste est un auxiliaire de santé ?
Thierry Soulié : Un auxiliaire de santé, je ne sais pas si ce terme existe, nous avons des professions qui sont cataloguées comme étant des professionnels de santé, des professions médicales et des professions paramédicales. Alors auxiliaires de santé…. Nous avons maintenant chez nous, les assistantes qui sont inscrites au Code de la Santé. Je ne considère rien du tout parce que je ne suis peut-être pas le plus qualifié pour le faire. Maintenant, si la profession de prothésiste doit être amenée à évoluer dans ce sens-là, c’est plus aux politiques et aux juristes de voir les choses, moi j’ai toujours considéré que c’est une collaboration entre deux professions, une évidemment qui est médicale, qui a fait ses études médicales. Je sais qu’ils enseignent la prothèse dans les universités bien évidemment, ce que je ne sais pas c’est le niveau technique de ce qu’ils enseignent.
Frédéric Simottel : Visiblement ce que l’on dit, c’est qu’au niveau des prothèses dentaires, on va beaucoup plus loin aujourd’hui avec le numérique.
Thierry Soulié : Oui certainement, mais il y a beaucoup de professions là-dessus maintenant je crois que dans ce cas là. La démarche qui doit être faite ici, enfin si j’étais vous, c’est de faire en sorte qu’auprès des organismes compétents, pour se faire reconnaître, mais à ce moment là c’est un diplôme particulier. Est-ce qu’avec les nouveaux métiers de santé, puisqu’il y a des réformes du premier cycle des études de santé, est-ce que dedans vous pouvez vous inscrire, vous savez dans un master ? Je n’en sais rien, je ne suis pas le plus qualifié mais il est évident qu’avec la transversalité peut-être y-a-t-il une place. Je n’en sais rien, on peut tout imaginer dans le futur même dans notre propre métier. Parce que la numérisation nous touche aussi, on aura nous aussi de l’intelligence artificielle qui va arriver dans le métier de chirurgien-dentiste. Vous savez actuellement il y a de gros débats sur les spécialités, sur les spécialisations, sur la reconnaissance des compétences et nous-mêmes, le métier de chirurgien-dentiste, tel qu’il sera demain. Il est très difficile de le cerner tant tout va très vite. Quand je vois ce que j’ai vu tout à l’heure dans les allées de votre Congrès, quand on voit de visu ce que ce qui se fait, mais attention ce n’est pas que le métier de prothésiste qui change, parce que j’ai l’impression sur ce que j’ai vu qu’ il y a le métier de prothésiste mais il y a aussi des gens qui ne sont pas du métier de prothésiste qui viennent chez vous aussi et qui se substituent par les machines pour fabriquer des choses que vous faisiez vous-même.
Donc est-ce que c’est le métier de prothésiste ou est-ce que c’est l’ensemble qu’il faut revoir, dans le système de coopération ou la numérisation pourquoi pas. Mais je ne sais pas aujourd’hui si je suis le mieux qualifié pour vous dire ce qui va se passer, je vous dis encore une fois que tout va très vite.
Michel Bastide : Merci M. Soulié d’être présent parmi nous, deux petites questions. La première je reçois le CDF, votre magazine…
Thierry Soulié : Il faut qu’on le réforme un peu comme tu l’as dit Laurent, il a un peu vieilli.
Michel Bastide : Un peu vieilli, seulement à chaque fois je le reçois, je vois le lit de l’importation or certes il n’y a plus les prix dans votre magazine de ces prothèses mais il y a le lit qui ai fait toutes les semaines, tous les mois récurrents… Ne pensez-vous pas premièrement, qu’il serait bon pour l’image et pour le message vous essayez de faire passer, de supprimer ces publicités d’importateurs ? Je comprends qu’il existe un problème financier, vous êtes un des partenaires de l’ADF, je pense qu’il y a d’autres ressources qui vous permettraient de pouvoir supprimer ce genre d’importation à moins que cela vous sied mais ça vous nous le direz… Deuxième question, pour avoir travaillé sur la Commission de la nouvelle prise en charge du 100% santé, du tarif modéré, du tarif libre, il n’est pas inopportun de savoir pour les prothésistes qu’une céramique, en fonction de son lieu, en fonction de la dent, en fonction du matériau, même pour une céramo-métallique va être facturée différemment. Vous avez vous-même travaillé avec tous les logiciels des cabinets de façon à ce que le praticien, lorsqu’il va positionner sur son devis un numéro de dent avec un matériau, le prix va se lisser, c’est-à-dire que s’il est à tel endroit, il va être un prix, s’il est à un autre endroit, il va être à un autre prix… Dans les laboratoires, peu ont intégré leurs codes CCAM. De fait une céramique c’est le même prix où qu’elle soit, ne pensez-vous pas que les laboratoires en France, devraient eux aussi faire comme vous : modifier leurs tarifs en fonction du lieu, du code CCAM ?
Thierry Soulié : Première question qui est très embarrassante concernant la publicité dans le CDF. Alors oui, je l’avoue franchement et je suis le directeur de publication du CDF, nous sommes confrontés nous aussi au problème de la publicité. Alors à une époque, les laboratoires dont vous parlez effectivement, mettaient leurs prix et on a ôté ces tarifs. Le problème c’est que on est confronté nous aussi au problème de l’équilibre économique d’une revue, et que ces gens-là ont des moyens mais on essaye de faire attention, il y a des choses qu’on ne publie pas. Il y a des fois quand on nous demande certaines choses, sachez que nous refusons. Mais on ne peut pas toujours tout refusé non plus. Le problème, regardez il y a déjà plusieurs revues dans notre profession et ils n’ont pas de scrupules, ils inondent aussi d’autres où ils peuvent afficher les prix où ils n’en sont pas exempts. Nous avons essayé de garder une petite éthique, mais si on veut avoir une revue que l’on peut publier, une revue syndicale et nous n’avons que nos propres revenus, nos ressources propres par nos abonnés et par la publicité. Nous voulons donner une certaine éthique mais l’éthique, elle est confrontée comme toujours à l’économie.
Je suis désolé, je fais amende honorable devant vous, si vous aviez moyen de nous faire de la publicité à cette hauteur-là (Laurent Munerot : on aimerait bien), je serais preneur et on les supprimerait évidemment. Maintenant il faut être honnête, je comprends que ce soit épidermique pour vous, mais je vous ai dit pas de langue de bois ! On est dans un système concurrentiel comme nous avec les centres dentaires, etc. On a un rôle là aussi alors qu’on est contraint par l’économie.
La deuxième question sur la variation des différentes prothèses, globalement il y a quand même des tarifs qui sont à prothèses égales, des tarifs qui sont relativement égaux. Même s’il y a certaines différences.
Michel Bastide : Une céramique qui est un tarif libre et une céramique qui va être en un tarif modéré ou en tarif zéro ? C’est une céramo-métal ! Ca reste la même chape, le même travail du laboratoire, le même coup de pinceau ! Si un praticien a trois tarifs pour la même dent, pensez-vous que demain le laboratoire devrait avoir trois tarifs pour la même prothèse ?
Thierry Soulié : Je ne sais pas comment est le travail des confrères, mais j’ai du mal à penser qu’ils vont vous demander trois tarifs…
Michel Bastide : C’est votre logiciel qui a été conçu comme cela, c’est le logiciel de tous les cabinets dentaires qui a été prévu comme cela par les syndicats dentaires donc par votre syndicat.
Thierry Soulié : Le logiciel instaure le tarif obligatoire (Michel Bastide : votre prix de vente !), je sais comment j’agis avec mon laboratoire : il ne m’est même pas venu à l’idée de lui dire : « Ma céramique pour l’incisive elle va être à tel prix ». Il a une céramo-métal, elle est à tel prix, moi j’applique le tarif qui m’est imposé et libre quand il est libre. Je ne vous demande pas de faire de différence, je vous ai dit tout à l’heure, même pour la CMU, que je ne le faisais pas, donc je suis très à l’aise. Pour une céramo-métal, je comprends que vous soyez un peu dépendant des chirurgiens-dentistes, vous avez un tarif en dessous duquel il y a votre marge et vous ne pouvez pas aller en dessous. Vous avez le juste prix quelle que soit la localisation, ça reste un tarif, cela n’a pas à entrer en ligne de compte.
Michel Bastide : Nous sommes sur le premier volet de la mise en place du 100 %, quand on va arriver sur la prothèse adjointe, sur les réparations, nous allons avoir des articles qui vont être imposés à nos praticiens, à des tarifs qui ne sont même pas pratiqués par les laboratoires ! Il va bien falloir trouver une solution !
Thierry Soulié : Je veux bien Monsieur Bastide entendre cela, le problème c’est que nous n’avons pas été aidé quand on a négocié sur les réparations. Ils vous ont consulté, les prothésistes parce que je le sais. L’Assurance maladie obligatoire a été voir les tarifs, ils nous l’ont dit.
Michel Bastide : Ceux d’un laboratoire turc….
Laurent Munerot : Il est vrai qu’à un moment on nous a interrogé sur les tarifs mais pas sur ceux des réparations bien sûr. Justement, nous avons voulu montrer les différenciations qui existaient entre des tarifs français et les tarifs des laboratoires d’importation, pour que les services de l’Assurance Maladie soient conscients de l’écart de ces tarifs. Mais en aucun cas, on nous a demandé nos tarifs sur les réparations pour fixer ceux des chirurgiens-dentistes. C’est bien aujourd’hui ce que l’on pourrait reprocher et notamment pour la prothèse résine, puisqu’il y a des tarifs qui nous paraissent aberrants. Les tarifs sur certains appareils sont presque ceux que les laboratoires vont facturer. Donc on se demande comment le chirurgien-dentiste pourrait gagner sa vie avec un tel tarif.
Thierry Soulié : Et c’est bien là, quand on nous a présenté les tarifs des réparations, qu’on nous a dit que c’étaient les tarifs des prothésistes. Nous étions quelques-uns autour de la table où le prothésiste local n’était pas très loin de ces tarifs. Nous nous sommes donc dis, qu’ à partir du moment où c’est la moyenne sur l’ensemble du territoire et que c’est la moyenne pratiquée, il serait quand même compliqué de passer au dessus. On était donc quelques-uns à avoir des tarifs qui étaient relativement proches sur les réparations résine.
Laurent Munerot : Nous savons qu’il y a un problème sur les réparations car généralement, les laboratoires se méprennent sur le tarif des réparations, généralement ils sont déjà en dessous du prix qu’ils devraient facturer pour une réparation. Je crois que Laurent Maneval, qui fera une conférence demain, le dira encore parce que ce sont des choses qu’il relève dans ce qu’il observe dans les laboratoires. Aujourd’hui, nous savons que ces choses, qui ne sont pas forcément considérées, sont sous-tarifées mais du coup on met le tarif du chirurgien-dentiste très proche de ce que facture le laboratoire. Nous ne voyons donc pas comment cela va être possible.
Laurent Maneval : Effectivement, ce problème des tarifs turcs, j’en ai entendu parler, j’ai analysé dans le détail les prix de la Convention. En toute logique, les tarifs n’ont pas du tout été calculé à partir de tarifs turcs. Ce sont des tarifs qui sont tenables par n’importe quel laboratoire en France. Le problème, il vient surtout du fait que, en adjointe, la plupart des laboratoires, la très grande majorité des laboratoires pratique des prix qui sont très très bas, beaucoup trop bas. Et quand on calcule effectivement des prix de vente à partir de prix très bas, on se retrouve avec des prix qui sont contraints très bas, malheureusement. C’est encore bien plus vrai pour les réparations parce que le tarif des réparations est très largement sous-estimés par les laboratoires. Pour des raisons historiques, on rend service aux clients, on va être sympa avec lui et on pratique des prix qui seront totalement intenables et incompatibles avec ce qu’on doit faire. Mais cela n’a rien à voir avec les tarifs d’importation.
Thierry Soulié : Quelque part vous m’éclairez, parce que cela correspond bien avec ce que je dis, c’est-à-dire qu’ils sont partis de là. Donc on a cherché à les faire remonter, pour la réparation on a essayé de la faire passer à plus de 100 euros, mais ils nous ont répondu que le prix moyen de la réparation se situe entre 30, 40 et 50 euros.
Laurent Maneval : Le prix moyen d’une réparation, d’une cassure est à 28 euros.
Thierry Soulié : Moi, je paye 35-40 euros. Je me suis dis, si nous sommes dans ces tarifs-là, à partir du moment où c’est du reste à charge zéro sur cet élément-là, c’est une réparation simple. Mais si effectivement, vous me dites que le tarif n’est pas cela, le problème c’est qu’en face de nous on a quand même des financiers, ce sont les deniers publics et les deniers des cotisations.
Je voudrais juste vous donner un ordre d’idée, quand on a augmenté de 10 euros un acte de soins conservateurs, on fait 77 millions d’actes pas uniquement conservateurs mais 77 millions d’actes par an (extractions, soins…). Vous augmentez de 10 euros ces actes-là, ça fait 770 millions d’euros ! Il faut regarder que lorsqu’on fonctionne en macro-économie, cela monte très vite et le problème est bien là. Alors, si nous avons été induits en erreur…
Vous savez, je ne crois pas à des choses qui ne peuvent pas fonctionner. Si on s’aperçoit que cela ne marche pas, cela ne fonctionne pas, on échappera au système d’une manière ou d’une autre. Je le dis très haut et très fort, s’il y a des journalistes ici, s’il y a des représentants de l’Assurance Maladie Obligatoire, on ne travaillera pas à perte et vous non plus ! Donc si le système a été mal évalué, pas forcément partout, vous savez que nous avons eu du mal aussi à faire valoriser les zircones car il y a des confrères chez nous qui font des zircones au tarif des “métal”. Cela fait donc baisser la moyenne générale de l’activité et comme ils partent toujours d’un système de moyenne ou de médiane quand ils calculent… Nous, nous sommes partis à partir des chiffres de l’économie de la santé, donc nous sommes partis sur ce qui a été dit.
J’ai fait partie des “jeunes” qui ont essayé d’élever, par exemple, le complet. Sachez que dans la CCAM, dans la classification commune des actes médicaux, il y a une règle générale qui s’applique à toutes les professions médicales. Quand on est opéré par exemple du coeur, le premier acte est à 100%, le deuxième est à 50% et le troisième est gratuit. Nous avons quelque chose qui est un peu décliné comme cela depuis toujours en NGAP, ce sont les extractions où la première est plein pot, la deuxième est à 50% et les autres sont à 50 %. Ils voulaient appliquer pour le complet maxillaire un tarif, à l’époque, de 800 euros quand on a commencé la négociation et sur le bimaxillaire, ils voulaient mettre un peu moins que la moitié.
Il a fallu que je démontre, et quand je dis “je”, j’ai pris le Directeur de l’Assurance Maladie en face cet je lui ai dit : « M. Le Directeur, un complet bimaxillaire est plus compliqué à faire que deux unimaxillaires ! »
Michel Bastide : Si on regarde votre document et le document qui a été établi par les syndicats dentaires avec la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, on peut constater qu’on est arrivé dans l’aberration, que vous êtes arrivés à faire une adjonction de 14 dents ! Une adjonction de 14 dents sur un complet, cela s’appelle un complet ! Quand on arrive à trouver une adjonction de 14 dents avec 14 soudures, on se demande où on va. J’ai vu à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, car j’ai pu participer à ces fameuses tables rondes, de voir un chirurgien-dentiste qui sortait du formol, excusez-moi du terme, et qui n’avait jamais eu son propre cabinet dentaire, nous sortir des aberrations de la même sorte. Et aujourd’hui, c’est publié au Journal Officiel !
Thierry Soulié : Je vous réponds pour cela : ce n’est pas la convention qui l’a signé ! C’était déjà dans la CCAM. Le problème c’est que la CCAM se doit d’être exhaustive et de décrire toutes les situations possibles. Et qu’effectivement, on rajoute une, deux, trois, quatre, cinq dents, c’est déjà beaucoup. Mais rassurez-vous, si on regarde la fréquence des actes, je suis même pas sûr qu’il s’en fasse un par an. Le problème, c’est que pour celui qui va se le faire faire, parce que la personne veut se faire remplacer toutes les dents, il faudra un code et donc comme cela se doit d’être exhaustif, aussi paradoxal et peut-être même stupide, mais pour ce cas là, il faut l’inscrire.
Vous ne pouvez pas savoir le nombre de ces actes, quand nous avons mis en place la CCAM… Comme par exemple les bridges cantilever, je vous assure qu’au lendemain de la signature de l’avenant N°4, lors de la mise en place de la CCAM en 2014, je me suis dit mais ils ne font plus que des bridges en cantilever ! C’est pour illustrer le fait qu’il peut y avoir un cas, qui ne se fait jamais. J’ai vu des stellites en or tout d’un coup qu’il fallait faire, j’ai vu des “trucs” que je n’avais pas imaginé !
Didier Barreau : Force Ouvrière et négociateur de la branche professionnelle, vous parlez du marché mais on voit bien que ce n’est pas aussi simple que cela quand par exemple les opérateurs téléphoniques s’entendent pour bloquer les tarifs, et d’ailleurs qui ont été condamnés, c’est quand même je pense plus compliqué que ça. Sur l’augmentation de la part de la complémentaire également qui devrait dégager du volume de prothèses, on voit bien derrière les choix politiques et de société qui sont envisagés par l’exécutif, la destruction du régime général à long terme. Et puis, sur vos discussions avec les pouvoirs publics, en lien avec cette Convention, j’aimerais savoir s’il a été évoqué, puisque les prothésistes dentaires n’étaient pas représentés, les dégâts collatéraux, sociaux sur l’emploi, mais je dirais également sur les laboratoires ? Et là donc Laurent pourrait en parler mieux que moi – si ses dégâts collatéraux ont été envisagés, discutés, évalués ? Je pense que nous n’avons pas d’informations là-dessus. Car vous savez que nous sommes également une profession en tension, une profession où il y a des difficultés structurelles et conjoncturelles.
Thierry Soulié : Sur la notion du régime général et du régime complémentaire, je tiens à vous rassurer tout de suite, si l’Assurance Maladie avait voulu se débarrasser du dentaire, comme cela s’est fait dans d’autres pays, elle n’aurait pas investi ce qu’elle a investi, avec pas loin de 400 à 500 millions d’euros là-dedans. Donc ce n’est pas un transfert, elle a mis de l’argent dans le dentaire ce qui est une exception mondiale. Regarderez dans d’autres pays, l’Assurance Maladie Obligatoire ou du moins quand elle existe, ne participe pas au financement des dents. Donc, pour en revenir à la prothèse et je vous réponds tout de suite, il n’y a pas que les complémentaires qui ont financé.
Sur les couronnes, la base de remboursement qui était de 107,50 euros, vous me direz c’est pas beaucoup, passe à 120 euros. Sauf que ça représente 30 à 40 millions d’euros pour la collectivité. C’est toujours pareil, il faut toujours financer et donc il y a une augmentation de la base de remboursement sur les couronnes, il y a une augmentation de la base de remboursement sur certains actes qui sont économes en termes de tissus dentaires. Je dirais qu’il y a une forme d’écologie aussi, puisque les reconstitutions partielles sont prises en charge, chose qui n’était pas le cas. C’est le cas des inlays onlays, et c’est l’Assurance Maladie Obligatoire qui finance. Donc non, je ne vous laisserai pas dire que c’est un transfert. Le ratio Complémentaires / Assurance Maladie et au contraire c’est l’Assurance Maladie Obligatoire qui a fait un très gros effort là-dessus.
Ensuite sur le côté social et de la perte d’emploi, là je suis désolé, autant je suis sensible, je vous ai dit que j’étais social tout à l’heure, mais ce n’était pas l’objet de la négociation. L’objet de la négociation était que la convention négocie entre les partenaires pour ce qui relève de leur champ de compétences, je n’avais pas mon mandat, le Directeur de l’Assurance Maladie Obligatoire mandat, pour gérer du problème social et donc des éventuelles incidences collatérales qui seraient dues à la Convention.
Mais c’est vous qui dites qu’il y aura des incidences collatérales, moi je ne suis pas d’accord. Je vous dis que vous allez avoir du travail, la seule chose qui m’inquiète dans notre métier comme dans le vôtre, mais ce n’est pas dû à la Convention, c’est à la situation je dirais schumpétérienne des choses. Je ne sais pas si vous connaissez Schumpeter, lisez-le, c’est un économiste du début du siècle qui parle de destructions créatrices. C’est-à-dire que c’est la modernité qui amène des changements, qui détruit des emplois, qui en construit d’autres mais pas forcément aux mêmes endroits.
Je suis désolé, ce n’est pas conventionnel, c’est la modernité et je ne suis pas là pour traiter de la modernité qui est autre chose. Nous évoluerons… Une convention est toujours en retard par rapport à une situation donnée et elle est toujours dans l’adaptation de quelque chose. Ce que nous avons signé ici, n’est jamais qu’une étape. Mes successeurs seront obligés de négocier autre chose, car ce ne sera plus moi, négocier une autre convention qui épousera la situation à un instant T plus 5 ans ou plus dix ans, suivant ce qui s’est passé avec les nouvelles technologies qui auront fait ou pas des dégâts par endroits et créer d’autres choses par endroits.
Frédéric Simottel : Cette Convention, peut-elle favoriser la proximité du circuit court ?
Thierry Soulié : Moi je défends les circuits courts, je n’ai pas peur de le dire, je n’ai jamais fait travailler un prothésiste étranger donc vous pouvez me croire ! Depuis toujours je suis dans un “patelin”, à Vihiers dans le Maine et Loire, même si j’ai l’accent du sud et que je suis originaire de l’Aveyron, je suis un travailleur immigré qui a travaillé donc au Nord des Deux Sèvres, au Sud du Maine et Loire, dans l’Anjou et j’ai deux prothésistes à Angers, un à Cholet et un à Saumur. Si vous regardez bien, j’ai pris les villes qui sont autour, j’en avait un aussi à Vihiers qui est parti pour des raisons de retraite. J’ai toujours travaillé avec la proximité, donc ce n’est pas quelque chose qui me dérange, je suis pour les circuits courts. Je reste persuadé que l’écologie va probablement nous servir, l’écologie va nous servir pour l’envoi des prothèses même si la numérisation éloigne aussi car il n’y a pas de distance en numérisation. Ce que je vous envoie là, à l’instant T, il est aussi bien là, qu’à San Francisco ou à Tokyo. En même temps, avec internet tout va très vite.
Mais il n’empêche qu’il faut quand même des gens pour le transporter, je reste persuadé que l’écologie ramènera des circuits courts et d’ailleurs on le voit dans notre secteur.
Je reste intimement persuadé que nous aurons encore plus de coopération. Laurent, tu as parlé de CQ LAB, on en avait parlé ensemble et je souhaite que nous allions plus loin. Je n’étais pas Président à l’époque, j’étais Vice-président, nous n’étions pas mûrs tous pour le faire. Il y avait aussi des bisbilles entre l’UNPPD et les chirurgiens-dentistes, et M. Bastide, je tiens à vous le dire et je finirais par là, je vous ai dit que je ne ferai pas de cadeau. A un moment donné, vous me disiez les tarifs sont trop chers et parce qu’ils sont trop chers vous ne faites pas la prothèse chez nous. Maintenant, vous me dites ce n’est pas assez cher ! Moi je vous pose la question : à quel bon niveau met-on le curseur du bon prix de la prothèse ? Il faut savoir si à un moment c’est trop cher pour que les gens puissent y accéder ou d’un autre côté ce n’est pas assez cher pour dégager de la marge ! Ce qui a été négocié, c’est de la liberté pour pouvoir travailler, de la solvabilisation pour avoir du volume d’activité et suffisamment je pense de marges, malgré tout, pour que vous et nous puissions nous y retrouver.
Thierry Beaune : J’étais donc dans la Commission esthétique, nous nous sommes effectivement élevés contre cette différenciation faite entre zircone et hors zircone et je m’inquiète d’une déviance qui risque d’arriver. Si l’on regarde le panier RAC 0, on s’aperçoit que le hors zircone va être mieux payés (530 euros contre 480 euros une zircone). Ne pensez-vous pas que cela va faire le lit du Chairside ? Et quand vous parlez de proximité numérique, ne va-t-on pas voir arriver des gens avec plus de Cerec, plus de machines outils en interne dans le cabinet, uniquement payés par la différence entre 480 et 530 euros ? On fait le lit de ses vendeurs de machines au détriment du prothésiste. Une deuxième question, qui va contrôler la différence qui est posée en bouche entre une zircone et une hors zircone ?
Thierry Soulié : Alors je réponds tout de suite à la dernière question, c’est impossible on le sait. Il fallait faire une classification, on a tout retourné. Je peux vous assurer des jours et des nuits et des semaines. On sait très bien que dans les cabinets, dans les laboratoires, il y a plusieurs types de formes, d’esthétiques. Quand on a commencé la Convention il y a deux / trois ans, la zircone était plus chère, les céramo-céramiques zircone/hors zircone étaient plus chères que les céramo-métalliques. Puis l’évolution du métier a fait que cela a baissé et il a fallu courir derrière des gens pour la négociation qui a duré deux ans. Alors effectivement zircone / hors zircone, on ne trouvera pas la différence. Je vois dans les revues et dans vos productions, cela va être très compliqué de démontrer la différence, pour les professionnels on voit qu’il y a quand même un peu de différence mais malgré tout on commence à à voir que c’est très difficile et vous arrivez à faire de très très belles qualités esthétiques et tant mieux pour le patient.
Sur les machines dans le cabinet, on peut toujours se dire cela. Mais moi je le crois autant que je le crois pour les inlays, pour les petites restaurations je ne le crois pas parce que ça demande quand même du temps, il faut quand même être au fauteuil ou alors on fait venir des prothésistes dans les cabinets, ce qui n’est pas impossible… Le Chairside n’arrivera jamais au niveau de ce que vous faites. Je ne le crois pas et j’ai du mal à le penser. Vous avez beaucoup plus de possibilités et encore une fois, il faut soigner, il y a de l’administratif qui est fait chez nous, enfin bref il y a du médical, il y a du du conseil…. Je ne dis pas que cela n’est pas possible à certains endroits, je ne vais pas aller à l’encontre de ce que font certains confrères et ça les regarde. Mais je pense qu’il y a énormément la place pour le prothésiste, je ne suis pas persuadé que le Chairside viendra remplacer toute la prothèse. Il y aura probablement un impact, il y est déjà mais pas dans les proportions que vous craignez parce qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire au cabinet, c’est évident.
Public : Quand nous avons fait la réunion d’informations avec Laurent, il y a une question qui m’a surpris : c’est ce qu’en pensent les nouveaux dentistes, les plus jeunes dentistes, est-ce que là il y a une génération différente ?
Thierry Soulié : Alors c’est sûr qu’il ne raisonne pas tout à fait comme ma génération, je suis déjà traité de vieux ! J’ai construit trois cabinets dans trois structures au même endroit pour moderniser et je pense donc avoir suivi les évolutions. Il est vrai que depuis que je fais du syndicalisme à haut niveau (et cela m’occupe pas mal de temps), ils ont des visions très modernes des choses. Mais un chirurgien-dentiste reste un chirurgien-dentiste, il n’y a pas de conflit de générations à avoir, chacun épouse sa profession en fonction des données. Ce que nous voyons aujourd’hui, ce n’était même pas imaginable il y a 15 ans, et ce que nous faisons aujourd’hui, sera obsolète dans deux ou trois ans tellement tout s’accélère.
Les jeunes vont s’adapter, les chirurgiens-dentistes ne raisonnent pas tout à fait de la même façon dans la mesure où ils ont du mal à s’installer et à se lancer beaucoup moins que notre génération où on y allait. Ils ont un peu plus ce sentiment de responsabilité, difficile à prendre sur leurs épaules. Ils veulent travailler, ce que je conçois mais parce qu’il y a aussi de gros investissements dans les cabinets, ils veulent partager la responsabilité avec d’autres praticiens, ils veulent partager aussi la lourdeur de l’investissement, parce que c’est quand même lourd un cabinet dentaire et ce n’est pas à vous que je vais le dire. Vous savez ce que c’est que l’investissement et certains veulent être salariés, aller au plus simple, ce que je regrette d’ailleurs car ce n’est pas là forcément qu’on travaille le mieux lorsque je parle des centres low cost.
CONCLUSION
Frédéric Simottel : Pour conclure et en rappelant pour la Convention encore une fois, l’UNPPD a fait une plaquette qui est très bien faite et qui donne tous les détails.
Laurent Munerot : Les conclusions c’est que nous n’avons pas encore tous les effets de la Convention, que la Convention n’est pas encore connue par tout le monde, qu’on ne sait pas encore ce qui va se passer. Nous le disions, ce n’est peut-être que dans un an à peine mais surtout dans deux ans, que l’on verra vraiment ce qui en sera la finalité. Nous espérons que, bien sûr, nous pourront continuer à travailler en coopération avec les chirurgiens-dentistes. Que le choix ne va pas être fait uniquement selon le tarif mais bien de la qualité et des services qu’on peut échanger entre nous.
Peut-être, peut-on améliorer aussi nos façons de travailler, car il y des desiderata d’un côté et de l’autre. Nous savons que la technologie va faire avancer, va modifier nos exercices, dans les laboratoires comme dans les cabinets : les caméras d’un côté, l’usage du numérique et de la CFAO de l’autre. Qu’il est sûr qu’avec cette Convention, on le voit, il y a quand même une grande part qui est donnée aux fabrications usinées ou monolithiques en tout cas. Pour certains laboratoires, cela va peut-être modifier grandement leur façon de faire, leur façon de pouvoir répondre à la commande des chirurgiens-dentistes.
Il va falloir que chacun s’adapte et que nous puissions continuer réellement à travailler globalement. Mais qu’on ne tombe pas dans les extrêmes que l’on voit aujourd’hui car même s’il y a un sentiment pour toi ou pour d’autres que cela n’existe pas, nous savons qu’aujourd’hui et à l’UNPPD, c’est tous les jours que l’on reçoit des appels de prothésistes dentaires qui nous disent : « Mon praticien me demandent de baisser les tarifs », « Mon praticien me dit qu’il va aller travailler avec quelqu’un d’autre »…
Ce n’est pas seulement une crainte, c’est une réalité aujourd’hui. Et c’est le message que nous voulions faire passer car au-delà de ces craintes. Généralement les prothésistes sont des gens passionnés, qui aiment leur métier et qui veulent continuer à le faire correctement, continuer à travailler avec les praticiens.
Au-delà des querelles que l’on peut avoir entre syndicats, nous savons très bien qu’au quotidien, il y a quand même de bonnes relations entre les praticiens et les laboratoires, qu’ ils sont habitués à travailler ensemble, à échanger… Nous voulons que cette relation continue et même qu’elle s’amplifie, qu’elle se bonifie.