L’hyperesthésie dentinaire : quelles solutions en 2019 ?

Qu’est-ce que l’hyperesthésie dentinaire ?

L’hyperesthésie dentinaire, connue aussi sous le nom d’ « hypersensibilité dentaire », est une symptomatologie de plus en plus fréquemment rencontrée en cabinet dentaire. Sa prévalence est très variable selon les études, mais elle concernerait entre 10 et 30% de la population, préférentiellement des patients âgés de 20 à 50 ans.

L’hyperesthésie dentinaire se définit comme une « douleur brève, vive et aiguë, ressentie au niveau de la dentine exposée, généralement en réponse à des stimuli thermiques, évaporatifs, tactiles, osmotiques ou chimiques et ne pouvant être attribuée à toute autre forme d’anomalie ou de pathologie dentaire ».

Les douleurs peuvent être par exemple déclenchées par la consommation de boissons froides ou chaudes, la prise de sucre ou d’acides, l’air inspiré ou encore le brossage. De nombreuses études ont mis en évidence l’impact de cette symptomatologie sur la qualité de vie des patients atteints.

Quelles sont les causes de l’hyperesthésie dentinaire ?

Ces symptômes sont engendrés par une exposition dentinaire, pouvant être liée à deux phénomènes : une perte d’émail et/ou de cément associée (ou non) à la présence d’une récession gingivale.

Les causes les plus fréquentes à l’origine de l’hyperesthésie sont l’usure dentaire (érosion, abrasion, attrition), l’état parodontal (maladie parodontale, thérapeutique parodontale), l’éclaircissement dentaire, le traitement orthodontique, les anomalies de l’émail (ex. MIH) et les préparations coronaires sur dents pulpées.

La théorie la plus communément utilisée pour expliquer les hyperesthésies dentinaires est la « théorie hydrodynamique de Brannström ». En présence d’un stimulus (ex. séchage, variation de température, acidité), le fluide dentinaire contenu dans les tubuli se déplace, stimulant alors les terminaisons nerveuses libres situées à l’intérieur et à la périphérie de la pulpe, à l’origine du déclenchement de la douleur.

Comment la diagnostiquer ?

Le diagnostic d’hyperesthésie dentinaire n’est pas toujours évident à poser. L’interrogatoire est essentiel, car il permettra d’obtenir une anamnèse complète, de mieux caractériser la douleur et d’évaluer l’impact de cette douleur sur le confort de vie du patient. Un examen clinique rigoureux, ainsi que des examens complémentaires (radiographies) lorsqu’ils sont nécessaires, permettront d’éliminer d’éventuelles autres pathologies pouvant être responsables de la symptomatologie décrite. Le diagnostic différentiel constitue une étape cruciale avant tout processus décisionnel.

Comment traiter nos patients ?

1. Prévention et prise en charge étiologique :

Elles visent à modifier les comportements à risque (habitudes alimentaires, tics de mordillement…), à enseigner des méthodes d’hygiène bucco-dentaire adéquates et à orienter si nécessaire vers un médecin spécialiste (RGO, troubles de l’alimentation type anorexie/boulimie). Cette première étape est essentielle au succès thérapeutique.

2. Traitement :
Il devra respecter la notion de gradient thérapeutique, en allant du moins invasif au plus invasif :

• Traitement ambulatoire non invasif : grâce à des agents désensibilisants (dentifrices, bains de bouche) dont l’action est basée sur deux mécanismes : la désensibilisation des terminaisons nerveuses et/ou l’obturation des tubuli dentinaires.

• Traitement au fauteuil non invasif : topiques (adhésif/vernis), gouttières fluorées, laser.

• Soins invasifs : soins conservateurs (CVI/composite), chirurgie muco-gingivale.



Pour conclure…

L’hyperesthésie dentinaire est une symptomatologie fréquemment rapportée par nos patients et qui peut altérer de manière considérable leur qualité de vie. Un interrogatoire et un examen clinique rigoureux permettront d’aboutir à son diagnostic. La phase de prévention et de prise en charge des facteurs étiologiques reste primordiale avant la mise en place de tout traitement. Une fois l’étiologie maîtrisée, le choix thérapeutique doit s’effectuer dans le respect du gradient thérapeutique, en privilégiant les options non invasives.

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