Évaluation des risques professionnels : le poste des résines méthacrylates

Dans les articles précédents nous avons étudié les unités de travail suivantes : les postes de mise en revêtement, de coursier et les sableuses. L’unité de travail que nous
examinons aujourd’hui est le poste des méthacrylates.

Les méthacrylates (monomère et polymère) sont très présents en prothèse amovible, en orthodontie et sont également utilisés pour les réparations au sein de nombreux laboratoires.
On peut observer deux techniques de préparation du produit : la récupération à la demande du monomère liquide déposé dans un petit godet ou utilisation de la technique “poivre et sel”.
Dans les deux cas, le produit étant très volatil il s’évapore au contact de l’air et se répand dans le laboratoire. Son odeur est très caractéristique mais beaucoup d’opérateurs ne la remarquent plus.

Les dommages

Ce produit lorsqu’il est inhalé, irrite les voies respiratoires (toux…) et lorsqu’il est étalé à l’aide d’un doigt provoque des irritations cutanées (dermites…) L’utilisation régulière de cet agent pendant des années peut entraîner des troubles neurologiques chez les opérateurs et favorise le développement de l’asthme, d’eczémas et d’allergies.

Les modes d’exposition

Les deux modes privilégiés sont l’inhalation et le contact cutané.
D’une manière générale, le produit étant très volatil et léger, dès qu’il est au contact de l’air il s’évapore, s’élève et se mélange à l’atmosphère du local. L’opérateur qui le manipule inhale alors de grandes quantités de cet agent. Très souvent c’est l’ensemble des salariés du laboratoire qui en respire car ce gaz se répand très vite dans tous les locaux.
D’autre part, certains opérateurs ont l’habitude de lisser la résine avec leur doigt et pour s’essuyer utilisent un chiffon qu’ils stockent sous le plan de travail. Le produit traverse la barrière cutanée et peut déclencher des irritations locales. De plus ce bout de tissus imbibé va sécher très vite et contribuer à diffuser ce gaz dans les locaux.

PREVENTION

La principale mesure de prévention va consister à capter le gaz dès son émission, par le haut ou par l’arrière du poste de travail avant qu’il n’atteigne les voies respiratoires de l’opérateur puis de l’ensemble du personnel du local.

Ce captage peut être réalisé de différentes façons, ce peut être une petite “cloche” installée 20 cm au-dessus du poste de travail, cette cloche peut être articulée pour pouvoir être déplacée en fonction des travaux effectués, ce peut être une hotte munie d’un volet mobile à l’avant, ou une petite “box”. Le produit ainsi aspiré doit être rejeté à l’extérieur, la filtration n’est pas une nécessité.

On peut considérer deux cas de figure : si l’activité concernant les méthacrylates est faible, un ou plusieurs postes dédiés peuvent être créés dans le laboratoire.
Dans ce cas les opérateurs se déplacent et font les manipulations de méthacrylates à ce poste, l’opération peut être conduite en position debout.

Ce schéma est intéressant si plusieurs opérateurs effectuent peu de travaux sur ce produit. Par contre si un ou plusieurs opérateurs sont spécialisés et travaillent essentiellement sur cet agent, il faut équiper leur poste.

De plus les opérateurs qui utilisent leur doigt pour lisser doivent progressivement apprendre à utiliser un instrument adapté pour réaliser ce geste et les chiffons imbibés doivent disparaître du laboratoire.

L’évaluation de la gravité

REMARQUE 1 : Contrairement aux postes de travail évalués précédemment (mise en revêtement, coursier, sableuse) il n’existe pas de risque mortel (note de 4/4 pour la gravité) lié à une exposition aux méthacrylates.

Le port d’un masque 

REMARQUE 2 : Le port d’un masque est illusoire, tout au plus il peut arriver à « cacher » l’odeur. Sauf pour de courtes manipulations (travail sur un ou deux petits godets par exemple) avec le port d’un masque de type A . Dans ce cas seul l’opérateur est protégé, le reste du personnel est exposé.

L’aspiration à la cheville

REMARQUE 3 : L’aspiration au niveau de la cheville est calibrée pour retenir des particules (métal, revêtement…) elle est inopérante pour les méthacrylates (gaz) qui traversent le système de filtration.

L’explosion

REMARQUE 4 : L’utilisation au sein d’un même local de bec Bunsen et de méthacrylates sans système d’aspiration peut dans certaines circonstances engendrer une explosion car les méthacrylates ont des vapeurs très inflammables.

L’évaluation

REMARQUE 5 : Elle doit être réalisée sur place par un organisme compétent et en aucun cas par téléphone ou par Internet car chaque laboratoire possède ses spécificités et ses contraintes.

La hiérarchisation

REMARQUE 6 : Cette évaluation va permettre de hiérarchiser les risques présents dans le laboratoire afin de les traiter de façon pertinente.
L’objectif étant d’arriver, éventuellement en plusieurs années, à une évaluation à 4/16 pour un risque côtoyé quotidiennement et pour chaque unité de travail.

Source : site de l’UNPPD

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